Mezzo et le démon du Blues

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Lors du festival de BD d’Angoulême, nous sommes passés voir “Le démon du Blues”. Sous les voutes du théâtre de la ville étaient exposés les originaux de quatre auteurs qui ont rendu hommage à ce genre musical : Robert Crumb, Frantz Duchazeau, Steve Cuzor et surtout Mezzo qui présente les planches son envoutant “Love in vain”. Un superbe roman graphique scénarisé par Jean-Michel Dupont dans lequel ils retracent la vie aussi courte que mouvementée du légendaire Robert Johnson. Voyage initiatique dans l’Amérique ségrégationniste des années 30, biographie sombre et largement documentée d’un parcours contrasté comme il est raconté.

Mezzo éteint la lumière et compose avec l’ombre, il rempli la page de masses noires intenses et préserve des nappes de blancs aux lignes souples. Un clair-obscur proche de la gravure qui fige des scènes contrastées où la lumière vient bruler le sujet pour l’extraire de la pénombre. C’est un effet souhaité pour accorder le fond et la forme, pour présenter le personnage de Robert Johnson dans son contexte. Le Mississippi et ses paysages très plats où l’horizon est mis en valeur dans un format à l’italienne pour servir une narration cinématographique. Les costumes, les voitures, l’architecture nous transportent dans la Louisiane de l’époque, en parcourant les planches on ressent le blues démoniaque de Johnson au gré de la vibration du trait de Mezzo. Le doigt du premier sur la corde, ou la main du second sur le papier, ils ont en commun le feeling et l’interprétation, la maitrise de l’outil et la sensibilité. L’indispensable touche fantastique inhérente à une culture empreinte de surnaturel.

Après avoir lu la BD en début d’année, puis parcouru l’expo à Angoulême, nous réalisons le succès de Love in Vain lors de notre passage au Salon du Livre de Paris, où nous rencontrons Mezzo et Jean-Michel Dupont. Le temps d’échanger avec les auteurs (merci Glénat), Mezzo nous invite à passer chez lui quelques jours plus tard pour nous présenter le chef-d’œuvre dans l’intimité de sa conception.

Ainsi, nous retrouvons ce binôme complémentaire, autour d’un verre, dans le canapé à coté des guitares du salon. Ils sont également musiciens, alors nous leur demandons d’abord pourquoi avoir choisis Robert Johnson et le blues, puis ils abordent leur complicité, leur implication pour soigner le fond et la forme. Plus qu’un roman graphique, c’est un objet collector, composé comme un album d’une musique indémodable.

Stay in the twilight mood !!

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