Le Black Supermarket
À l’initiative d’une petite boite de com audacieuse et financé par une célèbre marque de café, le Black Supermarket est un projet éphémère. Un lieu original dans lequel sont intervenus quelques pointures de la scène graffiti. Avant la destruction de ce petit supermarché de quartier, dix artistes urbains (L’Altlas, Katre, Mist, Tanc, L’Outsider, Swiz, Astro, Fenx, Teurk, et Sun7) ont eu carte blanche pour se réapproprier les 400 m² et faire vriller ce temple de la consommation.
Dès la rue, la vitrine monotone a laissé place à une façade noire éclaboussée d’une vague de couleurs. La lumière émane abondamment des vitres et néons, puis de la porte que l’on franchis après avoir prouvé qu’il n’y avait pas de bombe dans le sac. Nous voici devant les caisses, sous une arche métallique, comme si le plafond voulais voir s’il reste de la monnaie dans les tiroirs. Au sol, L’Atlas nous suggère un parcours avec un tracé multicolore qui s’enfuit sous les pieds de la foule jusqu’au fond du magasin. Est-ce qu’on peut encore appeler ça un magasin ? un bar ? deux bars, un à gauche pour prendre un café, un devant pour les cocktails, ah tiens, on peut aussi manger. Sympa le photomaton à droite, les néons dans les armoires réfrigérés, des tables et des chaises. J’avoue le concept est original, le dépaysement fonctionne à merveille. C’est sympa de voir un lieu qui semble familier détourné de son utilisation première. L’intervention des artistes leur donne l’occasion de pulvériser sur la société de consommation.
Katre s’est approprié un rayon frais pour l’habiller avec quelques gravats et une énorme photo d’un lieu désaffecté dont la perspective est accentuée par des néons rouges vifs et la ruine de l’étalage. À coté de lui c’est L’Ousider qui prend le relais, il a laissé quelques produits alignés sur les étagères mais a recouvert tout le mur et neutralisé ce qui ne reste que des silhouettes suggestives de packages pour petit-déjeuner. Au détours de la pièce suivante, un vidéoprojecteur affiche un rideau de fer sur lequel peignent quelques enthousiastes au spray numérique. Une platine, un casque, un bac à disque, on peut écouter un p’tit NWA ou squatter un caddie transformé en fauteuil. Ensuite atelier sérigraphie dans une pièce déstructurée par Astro, noir et blanc du sol au plafond, sur le canapé, sa peinture absorbe les volumes. En revenant sur mes pas je constate que Swiz s’est tapé tout le plafond, les néons ont été colorés diffusant une teinte sur chaque zones du lieu. On dirait que Tanc a déchiré les murs, il travail une technique pointilliste, tu sais pas si tu regarde un coup de spray de près ou une estampe de montagne japonaise. Un peu de calme avant l’agression d’un sas de miroirs et de néons roses, transition avant le dernier bar. Quelques ampoules pendent du plafond et sur les murs assombris courent des serpents de couleurs, des gestes en peinture sous lesquelles tu pourra lire Mist si tu as l’œil.
Keep a market Mood !
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